MRA 466 p.21 - Septembre 1978 - René Jossien
Secrets sur les Cacahuètes
Lorsque l'on vient de terminer un cacahuète correctement construit d'après un plan sérieux, dessiné d'un appareil ayant volé, on possède tous les gages de réussite. Malgré cela, et c'est surtout à ceux qui n'ont pas pratiqué la formule, ou à ceux, trop impulsifs ou insuffisamment observateurs qui s'y sont cassé les dents, sans parvenir à un résultat correct, que je m'adresse
Le biplan "Ray Hegy's Chuparosa" de E. Fillon, un gros cacahuète, pour le plaisir, mais non payant au point de vue du temps de vol.
il y a un abîme entre les réglages des appareils ordinaires (Coupe d'Hiver - CH -, par exemple) et les cacahuètes. Et chacun de nous a balbutié plus ou moins longtemps avant de s'apercevoir, qu'en cacahuète, c'est au 1/10 de mm qu'il faut agir.
Exemple : Là ou la perte de vitesse d'un plané de C.H. demanderait une cale de 10 voire 15/10ème pour être corrigée, en cacahuète, le même défaut de vol ne demande que l'épaisseur d'une ou deux feuilles de papier. Oui ! ... C'en est là ! Et je connais de bons modélistes vol libre caoutchouc, qui tournent autour du bon réglage, parce que, corrigeant par une cale de 5/10 balsa (c'est si peu de chose en vol libre), ils passaient ainsi d'un défaut à un autre défaut contraire. Donc, que ce soit pour corriger une différence d'incidence entre aile et stabilo ou pour corriger la traction de l'hélice (en piqueur ou en virage), il faut agir par petites doses. Il est donc prudent d'avoir des cales toutes prêtes de la feuille de papier (environ 1/10ème) que l'on double ou triple, jusqu'à la planche de 4 à 10/10.
Autre surprise aussi en formule cacahuète, ce sont les différences d'incidences élevées, et les grands angles piqueur et de direction de l'hélice. Tout d'abord, entre incidence de l'aile (telle qu'on la mesure, c'est-à-dire par la tangente à l'intrados) et l'incidence de stabilisateur à profil planche, il faut s'attendre à des différences de 4 et 5°, et même plus lorsqu'on choisit, à tort ou à raison (?) un profil porteur au stabilo.
Même disproportion pour les angles piqueurs ou vireurs de l'hélice. Il faut s'attendre, ou ne pas s'étonner, de devoir doser un piqueur de 3 °, et un virage à droite de 3 ou 4°.
Déjà avertis par ces surprises que réservent les cacahuètes, on peut plus facilement en venir à bout, car il ne faut pas se leurrer, un cacahuète n'est pas facile à régler, et si je ne craignais de décourager des jeunes qui se passionnent pour cette formule, je dirais que c'est plus difficile à régler qu'un coupe d'hiver. Que les cracks du C.H. qui n'ont jamais fait de cacahuète essayent la formule, et ils comprendront la difficulté de voler 40 secondes, en salle, à plafond bas.
Plus encore que les appareils classiques (C.H.et Wake), le cacahuète est chatouilleux sur l'emplacement du C.G. (centre de gravité). Un centrage trop avant ne sera pas trop grave il obligera seulement à augmenter le piqueur de l'hélice, plus qu'il ne serait souhaitable. Mais gare au centrage trop arrière. Là, c'est pratiquement involable, ou volable durant un si court instant que c'est quasiment la même chose. Heureusement, sur beaucoup de plans parus, le centrage indiqué (position du CG.) est souvent bon et prudent. Mais il y a les grosses erreurs de ceux qui dessinent un plan de cacahuètes, sans l'avoir d'abord construit et fait voler, et qui positionnent le C.G. au jugé.
Un exemple flagrant sur un tandem (HEMIPTERE MAUBOUSSIN, par exemple) il ne faut pas s'aviser de placer le C.G. entre l'aile avant et l'aile arrière, il faut considérer le stabilo, même s'il est aussi grand que l'aile, comme un stabilo de grande surface, et cet appareil là pourra voler avec un centrage à 60 % (et c'est déjà beau), alors que les autres appareils classiques volent avec un centrage situé entre 20 % (souvent les biplans) et 40 % lorsque le bras de levier est grand et le stabilo un peu agrandi ou de bonnes dimensions d'origine.
Pour déterminer le centrage, le plus arrière possible, Jossien, qui a gagné quelques six ou sept concours et coupes de maquettes volantes caoutchouc, utilise une formule "maison" qui convient également pour les cacahuètes.
Cette formule donne, en pourcentage de la corde d'aile, la position la plus arrière raisonnable du centre de gravité (fig 27).
C% = 23 + (28 x Ss x BL) / (Sa x C)
où 23 et 28 sont des coefficients fixes (prendre 27 ou 26 au 2ème coefficient pour une construction moins soignée) et où Ss = Surface stabilisateurs (en dm2) ; BL = distance entre le 1/4 avant de la corde de l'aile et le 1/4 avant de la corde moyenne du stabilo ; Sa = Surface de l'aile (en dm2) ; C = Corde de l'aile (en dm).
Exemple LENINGRADEC, plan MRA n° 439 :
C% = 23 + (28 x 0,5 x 1,62) / (1,9 x 0,68) = 23 + 17,5 = 40,5% .
Lorsque l'on a construit un cacahuète, il est bon de vérifier le centrage indiqué sur le plan, ou celui obtenu par la construction. Et si ce centrage est plus arrière que celui calculé avec la formule, ne pas hésiter, IL FAUT ajouter du lest (plomb ou plasticine) à l'avant, pour obtenir un centrage permettant de voler sans danger.
Secrets sur les Cacahuètes - Fig.27 le centrage
Signalons, pour éclairer les modélistes non expérimentés (ou n'ayant jamais souffert de ce danger en vol libre) que l'on peut juger un appareil centré trop arrière par deux observations, les plus fréquentes.
Un appareil est en perte de vitesse en vol plané (pour les grands appareils, genre C.H.) ou en fin de vol moteur (pour les cacahuètes). On diminue donc l'incidence négative du stabilo, et on passe tout à coup d'un vol cabré, précédent, à un vol en piqué. Cela est souvent le signe d'un centrage trop arrière.
Un appareil, cacahuète par exemple, semble bien voler avec un remontage du moteur modéré. En augmentant le remontaqe, donc la vitesse du modèle, si l'appareil se met (apparemment sans raison), à piquer en vrille : centrage trop arrière.
(à suivre) Le Saint