MRA 439 p.10,11 - juin 1976 - René Jossien
On appelle Cacahuète des petits modèles réduits d'avion, propulsés par un moteur caoutchouc, de moins de 33 cm d'envergure d'aile, reproduisant, avec de grandes tolérances, les caractéristiques et l'aspect de véritables avions ayant volé réellement. Les projets d'avion, qui n'ont jamais été construits, sont donc écartés...
Les deux caractéristiques à respecter scrupuleusement sont l'envergure de l'aile, de même que la forme et sa corde (la largeur d'aile) et le bras de levier du fuselage, c'est-à-dire la distance du bord de fuite de l'aile au bord d'attaque du stabilisateur.
Il est donc permis, pour faciliter le vol du cacahuète, de mettre un peu de dièdre, si l'avion original n'en comporte pas. Un dièdre de 12 mm (bouts de l'aile relevés de 12 mm, par rapport à la partie centrale) suffit pour voler correctement et ne transformera pas l'aspect de la petite maquette.
Il est permis également, pour avoir une meilleure stabilité de vol, d'agrandir légèrement la surface du stabilisateur, surface parfois très petite sur les avions réels. Pour un monoplan, un rapport de surface de 20 % est déjà suffisant. Un rapport de 25 % est très stable et si l'avion a déjà un stabilisateur aussi grand, Il n'est pas utile de l'agrandir. Un exemple: sur le Leningradec, dont le plan figure dans le M.R.A. de ce mois, le stabilisateur réel de l'avion a été gardé à l'échelle. Le respect des caractéristiques exactes fait gagner des points au classement statique, le modéliste a donc intérêt à ne modifier que ce qui est vraiment nécessaire.
Il est permis, et là c'est un point important, de surdimensionner le diamètre de l'hélice, En effet, à l'échelle, le propulseur serait trop petit (dans la grande majorité des cas) et la durée de déroulement écourtée, et par conséquent le vol. Suivant l'hélice de l'original, suivant aussi l'aspect du modèle, on sera amené à équiper les Cacahuètes d'hélices de diamètres de 105 à 125 mm, sans trop nuire à l'aspect de l'avion. Partant de ces tolérances, on construit donc de petites maquettes volantes, jolies, et presque exactes, qui ont la possibilité de voler réellement, ce qui fait la joie de leur constructeur et le plaisir des spectateurs.
Les raisons du succès de cette formule Cacahuète (plus de cent modèles présentés au deuxième concours dans la région parisienne) viennent d'un grand nombre d'avantages.
Tout d'abord, la petite taille de ces modèles, qui apportent les satisfactions suivantes : possibilités de construire dans un espace restreint, avec un outillage très rudimentaire ; prix de revient très faible par l'achat d'une boîte de construction, encore plus faible si l'on débite soi-même les matériaux nécessaires des fournitures classiques des Modèles Réduits ; plus grande rapidité de construction, pour ceux qui ne fignolent pas (car pour les «pinailleurs», le gain n'est pas vrai); stockage des appareils terminés, sans nuire au décor de Madame ou de Maman ; possibilités de faire voler, lorsqu'il ne fait pas de vent, dans tous les lieux de promenade : bois, plaine, stade, plage; joie encore plus grande si l'on peut disposer d'un stade couvert, d'un gymnase, d'une salle communale ou autre, assez grande.
Voilà déjà les premières satisfactions qui apparaissent immédiatement, mals il y en a de moins évidentes: on est en vacances, à l'Hôtel, et le temps ne permet pas de faire la promenade prévue. Alors, après avoir mis gentiment, et avec un grand sourire, le livre préféré ou la paire d'aiguilles à tricoter entre les mains de Madame, on sort la petite boîte, si petite qu'elle est passée inaperçue et, comme chantier, une planchette de balsa 100/10, longueur 35 cm, largeur 10 cm, et en avant pour le nouveau Cacahuète ! Il est à parier que, si le soleil se dévoile une heure plus tard, Madame aura bien du mal si elle veut «absolument» faire un tour...
Et le classique voyage chez la belle-famille ; où il n'y'a rien pour pêcher, et où les journées sont si longues parce que vous connaissez par coeur les tours du Pays et les histoires de «la Marie» ou «du Fernand» ; là aussi, sourire aux lèvres (toujours le sourire, dans ces cas-là), vous sortez le « petit truc », et enfin vous revivez.
On connaît la passion des jeunes pour les vrais avions et leur décision, pour leur début dans l'aéromodélisme, à construire une maquette volante.
Hélas, les «grandes maquettes» (on est obligé d'appeler ainsi celles de 70 à 80 cm), ne pardonnaient pas la construction malhabile ou le mauvais réglage, c'était souvent le cas, et ce dès le premier lâcher. Le jeune garçon, alors découragé, se détournait du modélisme et c'en était fini de sa passion.
Avec les Cacahuètes, même passion des jeunes pour les petites maquettes, même entrain à la construction, même si elle est un peu plus délicate, plus de possibilités de réaliser leur Rêve, parce que le budget le permet à moindre prix, mais surtout jamais de casse, si l'on prend soin de faire ses premiers essais dans une herbe un peu haute (un jour sans vent). Même si l'appareil est un peu mal réalisé, même si le réglage n'est pas correct, il y aura chute, mais on peut recommencer aussitôt, les dégâts se limitant souvent au décollage d'un élément.
La passion reste ; le copain est entraîné, et c'est bientôt une petite équipe de jeunes qui va travailler ensemble, au grand plaisir des parents. Et si, par bonheur, ces garçons sont correctement guidés dans leurs constructions, et surtout sur leur réglage, la cause modéliste est gagnée pour eux.
Que les instituteurs, que les responsables des loisirs dans les Maisons des Jeunes, que les moniteurs de CLAP nous lisent : ils ont, en cette nouvelle forme d'aéromodélisme, un outil précieux pour attirer, passionner, et satisfaire la Joie des Jeunes.
Les Cacahuètes étaient une chose qui manquait.
Le vol libre est devenu, pour ceux qui aiment bien faire, une contrainte astreignante qui nécessite une sacrée santé pour Construire plusieurs "taxis" par saison, pour trouver le terrain d'entraînement à quelque 30 ou 50 kilomètres, pour faire les concours ou gagner sa sélection, si ce n'est la victoire, pour voler par tous les temps, qu'il fasse pluie ou vent.
Aussi, petit à petit, le nombre des modélistes groupés s'est réduit et la passion des anciens (attention : je n'ai pas dit des vieux) s'est estompée.
Et voilà, qu'heureusement, arrivent les passionnants Cacahuètes. Du coup, de tous les coins, sans qu'aucun appel particulier leur soit fait, on voit revenir au modélisme, les Baron, les Brossier, les Fillon, les Jossien, les Porcher, les Wéber et autres anciens tortilleurs de gomme, avec une passion neuve et un enthousiasme plus grand que jamais : le démon de midi de l'Aéromodélisme. Merci Walt Mooney, merci Bill Warner, merci Bill Hannan, merci Jacques Pouliquen ; le Saint vous remercie au nom de tous, et vous salue bien !
Et que voit-on, parallèlement à cela, le retour de ces mêmes mordus à la «Coupe d'hiver du M.R.A.», et cela grâce aux Cacahuètes.
Merci aux Glauffret, Guidici, Lemaître, Frugoli, Méritte, Lepage, Galichet et autres, qui êtes touJours dans le grand bain de la compétition, d'avoir, vous aussi, su montrer que les Cacahuètes méritaient votre compétence habituelle.
Cette formule des Cacahuètes mérite donc une étude vraiment détaillée, précise, soignée concernant le choix du plan, l'outillage particulier, la construction de la cellule, l'entoilage des modèles, la décoration, l'immatriculation, le réglage et le stockage de ce type de modèle.
Nous prions, dès maintenant, nos lecteurs, jeunes et moins jeunes, champions et moins expérimentés, de poser toutes les questions qui ont pu les faire buter sur un problème. Nous ne leur répondrons pas personnellement, mais la solution sera apportée au cours des différents chapitres.
Que ceux qui ont vu leur construction facilitée par l'emploi d'un truc, qui ont amélioré leurs propres appareils par une astuce ou un certain réglage, nous les signalent.
Une découverte, même modeste, peut être d'un grand secours pour tous. Dans cette catégorie particulière, il y a encore à découvrir, à inventer; si ceux qui ont trouvé nous écrivent, ils rendront particulièrement service aux jeunes qui ont mordu à pleines et belles dents, dans ces délicieuses cacahuètes .
Merci à Tous, de l'aide de Chacun.
LE SAINT.
En couverture et plan pages 14 et 15
Pour la construction de ce modè1e, s'il vous manque quelques renseignements, relisez notre "Docteur es Peanut" , Jacques Pouliquen, dans la description du Morane 660 (M.R.A., numéro 435).
Voici quelques préclslons utiles.
La construction est toute en balsa, collé à la vinylique. Le papier est collé à la vinylique très diluée (environ 1/4 colle - 3/4 eau).
La vitre avant est en rhodoïd très mince (1 à 2I10), l'arrière de même (ou cellophane, mais plus difficile à poser), les autres faces plates sont en cellophane, succulus ou autre fine pellicule (collée à l'enduit).
La couleur de la maquette est donnée par le papier jaune (un peu orangé, très Joli).
Décoration donnée par la peinture noire sur le nez et au-dessus du capot-moteur, au bord d'attaque de la dérive, jusqu'à l'arrière du bord marginal, aux jambes du train (sauf le gros diamètre, en jaune), aux haubans et aux pneus de roues. .
Sur les bords d'attaque des ailes (prolongé sur le dessus du fuselage), du stabilo, derrière la bande noire de la dérive, peindre une bande étroite (environ 7 mm) à la peinture rouge diluée.
Le moteur caoutchouc est à adapter à l'hélice choisie. Les débutants voleront plus facilement avec une hélice diam. 125 (Réf. 821 chez Mod'Air), équipée d'une boucle (2 brins) de 1,5 x 1,5 ou de 1 x 1.
Pour le vol, ça doit être facile, car on m'a dit (après, bien sûr, la victoire au concours du PAM) que ce modèle était une « bête à voler ". Un compliment qui fait plaisir, si on veut le bien prendre.
Tu vois, mon cher 007, encore des jaloux ! R. J.