MRA 467 p.27 - Octobre 1978 - René Jossien
On a vu que les cacahuète les plus lourds (15 g et plus) sont plus faciles à régler que ceux de 10 grammes. A plus forte raison, si on vole en extérieur, car là il n'y a pas de plafond, donc liberté de grimper raide et le plus haut possible, et pour certains, bien réglés, la possibilité de planer, moteur déroulé.
Le plus simple réglage pour les cacahuètes en extérieur (attendre néanmoins un jour sans vent, ou faible) est le réglage DD : Montée à droite, et fin de vol, en plané, à droite. L'appareil se présente, là, sans vrillage aux ailes, un peu de virage à droite à la dérive, et traction assez importante de l'hélice vers la droite pour combattre le couple de renversement et assurer le virage a droite, en grimpée. On retrouve là les mêmes réglages qu'en coupe d'hiver, avec la différence signalée des plus grands angles d'incidence, positif à l'aile, négatif au stabilo, et de virage-hélice.
Virage à gauche d'un Cacahuète
Cette photo n'est pas présente sur le MRA original
En vol intérieur, une difficulté, et de taille, sont les dimensions du local où l'on vole. La largeur du local qui ne permet pas de voler par grands cercles, ou d'élargir le cercle en fin de vol (et cela arrive souvent), Autre difficulté, la plus génante, c'est la hauteur du local. Il faut donc, en intérieur, voler à la fois sans trop monter, faire si possible un vol stationnaire à ras des "plafonds", réels ou théoriques que sont les obstacles, et en continuant à voler en cercles de diamètre assez réduits, redescendre le plus lentement possible.
Tout cela n'est pas facile, car sur les cacahuètes, les hélices sont généralement de grand diamètre (par rapport à l'envergure) et de grands pas (pour dérouler moins vite l'énergie emmagasinée dans le remontage de l'écheveau).
Cela donne donc un grand couple de renversement, c'est-à-dire que l'hélice tournant dans un sens, l'appareil entier a tendance à pencher dans l'autre sens, c'est-à-dire se pencher à gauche et ainsi virer à gauche. De ce couple de renversement découle donc la nécéssité de mettre du virage à droite à la traction de l'hélice (3 à 4°). Se rappeler donc, que plus une hélice est grande, large de pales et de grand pas, plus l'orientation à droite de l'axe d'hélice sera importante.
Lorsque le couple moteur diminue, le couple de renversement diminue aussi, et alors la traction à droite de l'hélice devient parfois trop forte en fin de vol et l'avion a tendance à serrer trop son virage, et descend trop vite.
On peut, dans certains cas, plus particulièrement lorsque l'hélice est grande et large, tourner à droite par l'hélice et avoir la dérive légèrement à gauche ou dans l'axe. Ce réglage s'impose parfois pour éviter la fin du vol en spirale serrée, la dérive corrigeant un peu ce que la traction à droite restitue en fin de déroulement, lorsque le couple de renversement n'existe presque plus.
Comme on le voit, le réglage en salle n'est pas du gâteau et un sage conseil à donner aux débutants est de munir les cacahuètes d'hélice plutôt petites (diam. 105 à 125) et de pas plus faible (1 à 1,3). Ces 2 conditions faciliteront le réglage. Diminuer, en conséquence, la section de l'écheveau pour ne pas obtenir un bolide de vitesse, difficile à dompter. En réduisant la section, on peut augmenter le remontage: on rattrape donc par là un avantage "durée" de déroulement. Ce réglage est le plus couramment employé sans aucun vrillage aux ailes, avec un léger virage à droite de la dérive. C'est par le dosage de piqueur et de virage de l'hélice (à droite) que se fait le réglage correct.
En France, assez peu de modélistes tournent à gauche, en salle : signalons Jacques POULIQUEN (réglage COGNET), Bernard BARON, avec ses "HÉMIPTERE MAUBOUSSIN", centrés à 50 % (et non 150 % comme indiqué sur le plan), Philippe LEPAGE, avec son "BÉBÉ JODEL" et René JOSSIEN, avec son "WRIGHT L". D'après notre ami Brian COX, à l'étranger, ce sont surtout les cacahuètes à ailes basses et les biplans qui tournent à gauche.
On retrouve, dans le réglage en virage à gauche, le réglage type "indoor". Ce réglage réclame que l'aile gauche soit légèrement plus porteuse que l'aile droite. Et l'équilibre se retrouve par le phénomène suivant: plus le remontage est important, plus le couple de renversement est fort et incline le molèle à gauche, mais en même temps, le vol étant plus rapide, la portance plus forte de l'aile gauche combat le couple et l'équilibre. C'est la dérive qui règle la valeur du virage. Le modèle grimpe donc moins vite au début de déroulemnt (le modèle de LEPAGE fait même les 2 premiers tours avec un vol à gauche presque sur la tranche) puis l'ensemble couple de renversement et portance supplémentaire de l'aile gauche diminuent simultanément pour terminer le vol dans de bonnes conditions et en gardant un cercle de vol assez régulier. Dans certains cas, de déformation involontaire en positif à l'aile gauche, (ou de négatif à l'aile droite) et si l'on rencontre des difficultés à bien régler ce modèle en virage, il faut penser à essayer le vol à gauche, et cela arrange parfois bien les choses.
Autre réglage intéressant, c'est celui consistant à mettre plus de positif à l'aile gauche et de virer à droite. Dans ce cas, le virage de la dérive doit être faible à droite, voire neutre et l'angle de traction d'hélice, très peu à droite. Le modèle tourne donc à droite, en partie par la portance de l'aile gauche, positive.
A plein remontage, le couple de renversement (qui fait pencher le modèle à gauche) est combattu, étant donné la plus grande vitesse du modèle, grâce au vrillage positif de l'aile gauche. A mesure que le couple et la vitesse diminuent, les deux effets diminuent, et le cercle de vol reste constant. C'est probablement le réglage le plus efficace pour les salles étroites où l'ensemble du vol reste dans un cylindre d'espace constant.
La dérive est neutre dans le cas d'hélice plus petite, ou légèrement à droite dans le cas d'hélice plus grande ou de grand pas. La difficulté du bon réglage est de bien doser ces différentes interactions.
Une bonne habitude, lorsque l'on n'obtient pas facilement un bon vol, est de noter, le plus précisément, les réactions de vol. Sur le coup, on ne voit pas la modification de réglage à tenter, alors qu'à tête reposée, on peut essayer d'expliquer les raisons qui créent les réactions du modèle, afin de chercher le réglage à essayer pour tenter d'améliorer le vol. En tout cas, avant de raisonner, s'assurer des valeurs des incidences des ailes (vrillage ou non), voir si l'hélice tire à droite ou à gauche et si la dérive est inclinée ou non.
Voici un exemple de notation faite immédiatement après le vol et les correctifs possibles pour remédier. Aspect du vol: remontage à 620 tours. Montée lente du "MILES M 18" en larges virages (attention car à 2 reprises, le modèle est redescendu en une spirale au sol) puis, au bout d'un tour et demi, à deux tours, l'appareil monte en virages plus serrés et fait même, en vol haut, des cercles réduits; ensuite le modèle esquisse des pertes de vitesse légères, et redescend lentement en larges cercles.
Raisonnement: au début du vol, il semble que 2 effets soit conjugués, le couple de renversement qui redresse le virage (virage à droite plus grand) et l'effet piqueur d'un centrage trop arrière. Ensuite, deuxième temps, le virage à droite l'emporte et l'effet piqueur de la survitesse diminue. Le modèle monte donc plus cabré, mais la spirale à droite se resserre, due à la diminution du couple de renversement, faisant ainsi virer l'appareil en de petits cercles.
Ensuite le modèle est au plus haut et esquisse quelques légères pertes, puis commence à descendre en élargissant de nouveau le cercle: c'est probablement la diminution de l'effet de virage de l'hélice qui se fait sentir et le virage de la dérive étant plus large, le cercle de vol est plus large.
1) A l'effet piqueur du début, avancer un peu le centrage.
2) Ajouter un peu de piqueur (pour compenser) et peut-être, diminuer un peu le virage hélice en se méfiant de ne pas tomber dans l'effet cabreur qui peut en résulter. Dans ce cas, donner un peu plus de virage à droite par la dérive qui compensera la diminution du virage, par l'hélice, et réduire ainsi le diamètre de fin de vol.
Ceci est un exemple complexe de réglage. Heureusement pour les modélistes, certains modèles se règlent plus facilement si on a la sagesse de se contenter de vols de 30 secondes, ce qui est déjà très bien.