MRA 457 p.32, 33 - décembre 1977 - René Jossien

Secrets sur les cacahuètes

Nous avons reçu des U.S.A. cette photo du Farman Moustique en cacahuète, de Bill Hannan, modéliste bien connu. Comme A. Méritte, il est parti du M.R.A. n° 232 et il nous précise, il est recouvert en papier rouge. Remarquez la petite demoiselle dans le cockpit ! Elle est sculptée dans du balsa et sa chevelure est blonde. Elle pilote fort bien car elle s'est classée 2ème sur 33 au Flightmaster Annual Scale de 1976.

Couleurs et peintures

On choisit d'entoiler la maquette cacahuète avec du papier de couleur afin de le rendre plus joli sans ajouter de la peinture dont le poids serait trop important. Les appareils de l'époque historique auront une jolie couleur correspondant à la teinte des toiles d'alors en vaporisant le papier blanc d'un liquide concentré de café (3 cuillers de café soluble pour un petit verre d'eau). Une fois sec, vaporiser d'enduit pour obtenir une teinte qui restera fixe.

Pour le nez en balsa et les hélices taillées, nous avons vu qu'après les deux couches d'enduit, avec ponçage très fin entre chacune, on passait une couche de peinture (ou deux éventuellement si le centrage futur de la maquette ne l'interdit pas). Le choix de la couleur est fonction de l'avion reproduit, nez et hélice noirs ou peints dans le même ton que le fuselage.

Employer de la peinture cellulosique (généralement la plus légère), la peinture Humbrol (légère aussi) ou à la peinture glycérophtalique (attention, poids plus lourd, séchage plus long et surtout n'admet plus l'apport de peinture ou vernis cellulosique sans risquer le cloquage).

Pour le train d'atterrissage, le centre des roues, parfois le capot moteur et l'hélice, on peut utiliser la peinture aluminium qui donne un aspect vraiment métallique : marque TOLEMAIL ou ECLADOR, beau brillant et peu de poids.

Les pneus de roues sont teintés à l'encre de chine ou en couleur mate noire.

Les haubans et les jambes de train sont peints en couleur noir ou alu suivant le type de la maquette. Le choix d'une couleur différente du reste de l'appareil ajoute toujours un cachet supplémentaire.

Décorations

Le fuselage d'un avion de tourisme sera plus joli s'il est décoré d'un motif : flèche ou éclair, de teinte contrastant avec la couleur de la carlingue.

Le tracé d'une bande au bord d'attaque des ailes, du stabilo et de la dérive agrémente souvent l'aspect de la maquette et flatte l'oeil du spectateur. Pour cela, employer de la peinture cellulosique légèrement diluée, pour alléger le poids ; mais il ne faut pas exagérer dans le sens contraire et obtenir une décoration par trop délavée pour gagner un dixième de gramme.

La reproduction de cocarde, de drapeau, d'emblème ou de motif coloré peut se réaliser directement au pinceau sur le recouvrement enduit, mais nécessite un doigté particulièrement sûr et subtil.

Un insigne, figurant sur plusieurs faces, est préférablement dessiné une fois sur cache, dont le dessin est ensuite repassé par des piqûres d'épingles laissant de petits trous. En tamponnant ce cache avec du talc (ou de la poudre blanche) on obtient ainsi la reproduction exacte du dessin, qu'il reste ensuite à colorer.

Nous verrons plus loin comment obtenir de meilleurs résultats, et plus facilement, grâce au principe du transfert ou de la décalcomanie.

Les volets mobiles des voilures et les arêtes importantes de capot moteur sont représenté par un trait noir (encre de chine ou peinture noire diluée modérement) en se servant d'un tireligne ou d'une plume tubulaire spéciale à dessin (genre Rotring ou Normograph). A tracer sur papier déjà enduit pour obtenir un trait nettement délimité.

Immatriculation

Une maquette sans immatriculation ne serait pas une maquette sans cet apport, même si les lettres ou chiffres ne sont pas exactement ceux ayant existé sur l'avion reproduit. En effet, il n'est pas toujours possible d'avoir une photo de l'avion et le dessin triptyque de l'appareil ne porte parfois pas une immatriculation d'origine.

L'immatriculation des avions est très souvent composée de 5 lettres. La première (ou les deux premières lettres) représentant la nationalité, est séparée par un tiret des 4 ou 3 autres lettres, concernant l'appareil lui même. Exemples : France F-ACIL, Tchécoslovaquie OK-NRJ. Seuls, les USA portent la lettre N suivi de 4 chiffres (et parfois d'une autre lettre ou également NC suivi de 4 lettres pas de tiret) et l'URSS porte CCCP suivi d'une lettre et 4 chiffres.

Voici quelques indicatifs de Pays : Allemagne D France F ; Grande-Bretagne G Italie I USA N (+ 4 chiffres) Belgique 00 ; Finlande OH ; Luxembourg LX ; Pologne SP ; Suisse HB Yougoslavie YU etc... Les lecteurs trouveront plus de détails concernant les immatriculations en consultant le MRA n° 202.

La figure 26 donne les espaces, largeurs et épaisseur des lettres en rapport de leur hauteur.

Les immatriculations figurent sur les 2 flancs du fuselage, entre l'aile et le stabilisateur, ainsi que sur les ailes : dessus et dessous. Deux possibilités s'offrent dans ce cas : ou bien l'immatriculation se porte sur toute la surface de l'extrados et sur celle de l'intrados, répartie sur les 2 ailes (exemple OK sur le dessus de l'aile gauche et NRJ sur le dessus de l'aile droite) ; ou bien l'immatriculation se trouve, en entier, sur l'extrados de l'aile droite et aussi, en entier, sur l'intrados de l'aile gauche.

Sur les modèles américains, l'immatriculation du fuselage est remplacée (ou complétée) par une immatriculation sur la dérive (de chaque côté).

Moyens plus ou moins faciles

Voici plusieurs façons, les plus commodes, pour reproduire les immatriculations sur les cacahuètes.

A - Les lettres et chiffres sont dessinés, puis découpés dans du papier japon noir (gain de poids) et collés sur leurs emplacements respectifs. Moyen assez facile pour les grandes lettres posées sur les ailes, mais rendu bien délicat pour celles du fuselage, plus petites.

B - Les lettres sont dessinées et peintes directement sur les éléments de l'avion. Ce travail demande une habileté manuelle et un soin particulier pour répartir correctement la peinture sur des surfaces souvent souples et bombées. A laisser aux champions du pinceau.

C - Les lettres "transfert" qui se vendent en feuilles adhésives et que l'on peut transposer en frottant le dos du support avec un crayon à bille ou une forme arrondie rigide. Marques DECADRY ou LETTRASET, à acheter dans les librairies ou les magasins de fournitures de dessin. Le transfert ne peut se faire directement sur l'entoilage de la maquette (la poussée nécessaire au transfert de la lettre du support sur le papier de l'avion est assez forte et abimerait l'entoilage, le crèverait même ! L'astuce consiste donc à utiliser du ruban adhésif invisible (sur lequel on peut écrire). On découpe une bande pour recevoir, soit une seule lettre, si l'immatriculation est destinée à l'aile (opération à répéter pour toutes les lettres), soit la totalité de l'immatriculation si elle est destinée au fuselage (les hauteurs de lettres étant comprises dans la largeur de la bande adhésive invisible). Manière d'opérer coller et décoller plusieurs fois un morceau de ruban adhésif sur une face très polie (glace, par exemple) pour oter un peu de son pouvoir d'adhérence faire alors le transfert des lettres de l'immatriculation sur la bande adhésive, toujours en place sur la glace ; couper ensuite, à la lame de rasoir, au plus juste des lettres ou de l'ensemble de l'immatriculation. Décoller de la glace et reporter sur la maquette, à l'endroit désiré. Ce procédé, assez simple, donne de bons résultats. Quelques observations, néanmoins d'abord, il faut poser exactement le début du ruban si on veut que l'immatriculation soit correctement située. En cas d'imperfection, il faut décoller et recommencer, ce qui fatigue l'entoilage. Ensuite, décollement de la bande de la glace avant le transfert sur la maquette oblige parfois à déformer le bord de la bande et ce défaut persiste ensuite, après mise en place sur la maquette.

La décalcomanie maison

D - C'est le meilleur moyen, mais il demande une assez longue préparation : la décalcomanie ou plus exactement le dessin adhésif glissable. Ce procédé est aussi bien valable pour les immatriculations que pour la mise sur maquette de cocardes ou emblèmes, dessinés ou peints précédemment.

- Prendre du papier gommé, le plus commode est celui dont le support est en papier mat.

- Passer une couche d'enduit nitro-celluosique sur le côté gommé. Laisser sécher parfaitement.

- Ecrire l'immatriculation à l'aide des lettres transfert (Décadry ou Lettrasset) qui sont donc déposées sur la couche d'enduit. Pour décorer d'une cocarde, d'un pavillon ou d'un emblème, à ce 3° on peint la cocarde, le pavillon ou l'emblème sur le support gommé et enduit, à la peinture cellulosique. Laisser sécher parfaitement.

- Pulvériser une légère couche d'enduit nitro dilué (attention de n'en pas trop mettre, car l'enduit dilue la peinture des lettres transférées et c'est pourquoi il ne faut pas passer l'enduit au pinceau, cette manoeuvre risquant de faire des coulures aux lettres. Une heure après, une seconde pulvérisation légère d'enduit. Laisser sécher au moins 24 heures.

La décalcomanie peut alors être conservée ainsi plusieurs... années, à l'abri de l'humidité et de la lumière.

- Couper au plus juste cette immatriculation (ou la cocarde) et faire tremper la bande de papier gommé décoré, dans l'eau, pendant au moins un quart d'heure.

- Sortir la bande (la décalcomanie personnelle) de l'eau, l'essuyer délicatement, recto et verso avec du buvard, et approcher le support de la partie de l'avion à décorer. Faire glisser le dessin ou l'immatriculation de la bande de papier gommé et la poser sur l'emplacement désiré. Agir avec douceur, redresser si nécessaire et laisser sécher. Le peu de colle restée, sous l'immatriculation ou la cocarde, assurera l'adhérence. Une fois sec, le papier d'entoilage de la maquette, détendu durant l'opération, se retendra et deviendra parfait.

Ce procédé donne les résultats les plus soignés et les plus légers. Faire néanmoins quelques essais sur un autre entoilage pour se faire la main. Pour le 4°, l'idéal est de posséder un fixateur en bombe, vendu pour les lettres transfert Lettrasset, qui fixe mieux et sans danger de coulure les lettres posées avant.

La gouache en cocarde

E - Un autre procédé de décoration, plutôt réservé aux cocardes ou aux emblèmes quelconques, se pratique ainsi :

- Tracer le dessin (sans couleur) à obtenir sur une feuille blanche de papier ordinaire.

- Poser dessus une feuille de fin japon blanc le dessin de la feuille blanche transparaît donc au travers du japon blanc.

- Peindre, à la gouache, la cocarde ou le dessin de l'emblème.

- Découper le motif, peint a la gouache, reproduit sur le japon fin, celui-ci étant détaché de la feuille de papier blanc ayant servi de guide, de modèle (mettre éventuellement une fine pellicule entre dessin sur feuille et papier japon pour éviter les coulures et garder ainsi la possibilité de faire plusieurs cocardes sur le même dessin-modèle).

- Coller ce dessin à la gouache (sur japon) à l'endroit de la maquette en se servant d'enduit dilué.

- Avant le séchage du collage précédent, passer sur l'extérieur du dessin (côté gauche) une légère couche d'enduit dilué qui rend ainsi la gouache indélébile et parfait le dessin.

F - Il est également possible de décorer, d'avance, le papier d'entoilage, avant de le coller sur l'ossature du modèle. Ce procédé, que je n'ai pas expérimenté, est à éprouver sur une ossature d'essai pour noter les difficultés à éviter tant pour la netteté du dessin (papier plus absorbant lorsqu'il n'est pas enduit) que pour la pose du papier, en bonne place, afin que les décors soient correctement placés.

LE SAINT (à suivre)