Aimez-vous les cacahuètes ?

Les Peanut Scale

On comprend immédiatement que cette dénomination est d'origine américaine, elle signifie textuellement « Maquettes cacahuètes ». Ce nom provient de la petite taille des modèles réalisés dans cette catégorie. En réalité, il n'y a pas d'échelle précise pour la réalisation d'une maquette cacahuète, seule l'envergure du modèle est limitée à 33 cm, ainsi que nous le verrons plus loin dans l'énoncé des clauses de règlement les concernant.

L'origine des « Peanut scale » remonte à plusieurs années. Mais déjà bien avant la dernière guerre, plusieurs fabricants américains produisaient des boîtes de construction de maquettes de petite taille : ces modèles mesuraient bien souvent moins de 30 cm d'envergure ; propulsés par un moteur caoutchouc, ils firent la joie des modélistes de cette époque. D'autre part, si l'on consulte des revues américaines de modélisme, remontant à plusieurs années, on y trouve bon nombre de plans de petites maquettes dans ce genre, ce format étant très facile à publier « grandeur d'exécution » dans les pages centrales d'une revue, comme on peut en juger dans le présent numéro de Modèle Magazine.

On commença à employer le mot « cacahuète » vers 1966-67. Il est maintenant très répandu et connait une très grande popularité aux Etats-Unis. Cette catégorie, maintenant solidement établie, comprend de plus en plus d'adeptes, faisant l'objet d'un règlement bien précis, et de nombreux concours sont organisés par les clubs américains pratiquant principalement le vol libre. La plupart des magazines spécialisés américains publient périodiquement des plans de « Peanut scale », souvent accompagnés de comptes rendus de concours illustrés de nombreuses photos. C'était, jusqu'à présent, la seule façon pour les modélistes français de découvrir cette ca-tégorie et de se tenir au courant de son évolution, mais, depuis peu de temps, les cacahuètes commencent à faire leur apparition dans notre pays.

Le modéliste Jacques Pouliquen, du Modèle Air Club de Nice, grand spécialiste du vol libre de compétition, a publié un article sur les cacahuètes, acompagné d'un plan, dans le numéro de Juillet-Août de notre confrère le M.R.A. Notre ami nous écrivait récemment que le séjour d'un an à Nice du modéliste américain Bill Warner avait été bénéfique pour la maquette, il a réussi à intéresser quelques modélistes du M.A.C.N. à cette catégorie, et ce club organise le 10 Novembre 74 à Fayence, un concours de cacahuètes. Ce premier concours, nous précise Jacques Pouliquen, sera un « Ballon d'essais » et une première étape vers un concours de maquettes plus important, prévu au printemps 1975. Précisons que Bill Warner fait partie des « Flight masters » de Los Angeles, dont il a été président il y a quelques années ; ce club, avec celui du « Flying aces club » du Connecticut, sont tous deux spécialisés dans la maquette volante, et ils ont largement contribué au développement des « Peanut scale » aux Etats-Unis.

Enfin, Jacques Pouliquen, fortement intéressé lui-même par cette forme de modélisme et parallèlement à ses activités professionnelles, importe maintenant des boîtes de construction de cacahuètes d'origine américaine, de la marque « Peck-Polymers ». Ces boîtes, maintenant disponibles chez les revendeurs spécialistes du modèle réduit, contribueront incontestablement au développement de cette catégorie en France.

A qui s'adressent les peanut scale ?

Certains grincheux diront peut-être que ce genre de modèle n'est pas très sérieux et qu'il ne peut intéresser que les débutants... Eh bien, ils se trompent, le peanut est pratiqué par des modélistes de tout âge et de toute expérience aux Etats-Unis.

Sans être compliquée, la construction d'une « cacahuète » demande cependant un certain soin ; la faible section des matériaux employés pour conserver le poids le plus bas possible rend ces modèles très fragiles à manipuler. Il faut avoir de la patience et une bonne habitude de la construction pour entreprendre la réalisation de certains modèles dont l'assemblage est très délicat. D'autre part, l'annonce des performances réalisées par ces petits modèles est assez stupéfiante, nous relevons sur le prospectus « Peck-Polymers » que le modèle « Nesmith Cougar » détient le record du monde de durée pour cacahuète, avec un vol de 9 minutes 29 secondes, réalisé à San Diego, en Californie !

Il y a des modèles assez élaborés au point de vue structure, d'autres plus simples emploient une constructioin tout bois, les voilures étant par exemple, ,découpées dans une feuille de balsa très mince, cintrée et tenue par quelques raidisseurs. Ce genre de modèle est davantage à la portée des débutants, mais perd des points de présentation dans les concours aux Etats-Unis. A ce sujet, voici un résumé des clauses du règlement d'un concours pour cette catégorie.

REGLEMENT

a) Le modèle doit mesurer moins de 33 cm d'envergure (13 inches).
b) Trois vols doivent être effectués, lancé à la main, tout vol de plus de 5 secondes est officiel.
c) Le recouvrement en « microfilm » utilisé sur les « Indoors » de compétition est interdit. Le modèle doit être recouvert en papier d'entoilage normal fin.
d) Si le modèle est construit partiellement ou entièrement tout balsa : pénalité de 5 points.
e) Si le modèle comprend une construction classique avec nervures, longerons et entoilage : bonification de + 5 points.
f) Si un effort a été fait pour respecter la couleur de l'avion original : bonification de + 3 points.
g) Représentation des détails : insigni-fiants : — 3 points - peu de détail : 0 point - bien détaillé : + 3 points -super-détaillé : + 6 points.
h) Représentation conforme des immatriculations, numéros et insignes divers, etc. : bonification de + 3 points.
i) Les modèles représentant un avion à train escamotable peuvent être présentés avec le train dans la position escamotée... (Ce qui veut dire autrement que l'on peut se passer totalement du train d'atterrissage !..).

Pour obtenir la note, on additionne les temps des trois vols officiels, auxquels on ajoute les points de présentation. Mais il paraîtrait que ce règlement est rarement appliqué dans toute sa rigueur, il est le plus souvent laissé à l'initiative des organisateurs, car on participe à un concours de cacahuètes surtout pour s'amuser et se défouler. En conclusion, les maquettes cacahuètes peuvent aussi bien s'adresser aux débutants qui pourront ainsi faire, sans frais et sans trop de difficulté, un premier pas vers la maquette volante, autant qu'aux modélistes confirmés qui pourront s'amuser à les construire pour leur plaisir et essayer d'en tirer les meilleures performances.

Les boîtes Peck-Polymers

Peck Polymers est devenu Wind-it up et vend toujours les mêmes kits, modernisés, en 2024 !

Ces boîtes sont donc maintenant diffusées par « Mod'air » (J. Pouliquen) à Vence. Elles se présentent sous l'aspect d'une petite boîte en carton décoré, orné de la fameuse cacahuète, et elles contiennent absolument tout le matériel nécessaire à la construction du modèle. Les pièces sont imprimées clairement sur du balsa de bonne qualité, des petites baguettes de 1,5 X 1,5 et de 4 X 2 complètent l'assortiment de bois. Chaque boîte contient deux plans détaillés, illustrés de photos du modèle et d'une vue triptyque de l'avion réel pour les détails.

Du véritable papier du Japon en plusieurs couleurs est fourni pour l'entoilage, il est d'une grande finesse et d'excellente qualité. Une pochette en plastique contient les accessoires : 1 hélice en plastique, 1 axe en C.A.P. (corde à piano) de 8/10', 2 rondelles en laiton, 1 palier d'hélice en nylon, 2 roues en plastique, de la C.A.P. de 8/10° pour le train, du rhodoid et des décalcomanies. Une longueur suffisante de caoutchouc de petite section (2 X 1 ou 3 x 1) est fournie pour le moteur.

Mod'Air peut fournir d'autre part des pièces détachées pour cacahuètes : hélices en nylon, faux moteurs, roues diverses, et même des roues rayonnées pour les appareils anciens !.. Un recueil de plans de petits modèles divers est également commercialisé. Nous tenions à donner cette précision à l'attention des modélistes qui préfèrent construire eux-mêmes leur modèle. car jusqu'à maintenant il était impossible de trouver dans le commerce des accessoires d'aussi petites dimensions.

Le Nieuport 17 à l'échelle cacahuète

(voir Plan pages suivantes)
Pour illustrer cet article, nous ne pouvions mieux faire que de publier le plan grandeur d'exécution d'une maquette cacahuète dans les pages de Modèle-Magazine. De nombreux types d'avions sont réalisables dans cette catégorie, mais nous avons une préférence pour les appareils anciens, et nous avons choisi de plus un avion français ! La construction du Nieuport 17 est assez simple, elle ne demandera qu'un peu de soin et d'habileté pour manipuler les petites pièces sans les briser. Avec du calme, de la patience, quelques chutes de balsa et un tube de colle cellulosique, on obtiendra une cacahuète du plus bel effet absolument inédite...

LE FUSELAGE

Le treillis de base à réaliser en baguettes de balsa 1,5 X 1,5 est représenté en noir sur la vue de profil du fuselage. Il est inutile de préciser que cet assemblage par Maurice Mouton sera extrèmement fragile à manipuler, particulièrement lorsqu'on assemblera les deux flancs entre eux, réunis par les faux-couples C-1, C-2 et C-3 en balsa 10/10° sur le dessus, et par des entretoises 1,5 x 1,5 en dessous. Une pièce de 15/10° est inté-grée aux flancs, à l'emplanture de l'aile inférieure. Les faux-couples C-4 et C-5 donnent la forme arrondie à l'avant du fuselage, qui est ensuite habillé, ainsi que le dessus, par des lisses que l'on coupera dans du balsa 10/10°, sur deux millimètres de large. La partie supérieure avant, du capot à l'appui-tête, est recouverte par un morceau de bristol fin dans lequel on dé-coupera l'ouverture du poste de pilotage. Les jambes et l'essieu du train sont en balsa de 15/10°, les roues de diamètre 28 mm seront en balsa, à moins que l'on puisse trouver le diamètre et la forme appropriés dans le commerce. La béquille est une C.A.P. de 5/10°, collée sur un support en balsa 10/10°, le tout collé sous le fuselage après entoilage. Les axes de roue sont des morceaux d'épingle recourbés, enfoncés dans l'épaisseur de l'essieu en balsa 15/10°. Le capot-moteur sera façonné dans un bloc de balsa tendre, il ne faut pas hésiter à apporter un peu de poids à l'avant car le nez est très court, le centrage sera ainsi facilité. Le palier d'hélice est un petit bouchon en bois dur, enfoncé dans l'ouverture d'un couple circulaire en balsa de 3 mm sur lequel on pourra dessiner les cylindres du moteur. L'axe d'hélice et le crochet arrière sont en C.A.P. de 8/10°. L'hélice, spéciale pour cacahuète, devra avoir 10 à 12 cm de diamètre, (on peut également la tailler sois-même dans du balsa).

LES AILES

Elles sont constituées chacune de deux panneaux. Toutes les nervures sont en balsa 8/10°, sauf celle d'emplanture (N-3) pour l'aile inférieure en 15/10°. Les bords d'attaque sont en 3 X 2 disposé verti-calement, les longerons en 1,5 X 1,5, les bords de fuite et les bords marginaux sont découpés et profilés dans du balsa 15/10°, les différents goussets de renfort sont également en 15/10°.

L'EMPENNAGE

Stabilisateur et dérive sont constitués d'un assemblage de secteurs en balsa 15/10° et de baguettes 1,5 X 1,5, chaque pièce ainsi constituée devra être finement pon-cée et profilée.

FINITION ET ASSEMBLAGE

Pour l'entoilage, on utilisera un papier japon blanc très fin, si l'on en trouve, ou bien du « modelspan » genre pelure. Le papier sera tendu à l'eau, une seule couche d'enduit cellulosique très dillué suffira ; pas de peinture, on laissera le modèle blanc. On réunira les deux panneaux de l'aile supérieure avant entoilage, en collant l'une contre l'autre les nervures N-1 ; l'aile supérieure n'ayant pas de dièdre, l'assemblage se fera donc à plat, sans difficulté. Les demi-ailes inférieures seront collées contre le fuselage avec un léger biais pour donner un dièdre de 5 mm en bout d'aile. Les mâts d'entreplan et les mâts de cabane seront collés aux emplacements indiqués sur le plan. A noter que les mâts de cabane « B » sont parallèles entre eux, alors que les mâts arrières « A » forment un « V » inversé, les montants « C » représentent les commandes d'ailerons et sont parallèles aux mâts « B ». On veillera, durant tout cet assemblage, à bien respecter les incidences des ailes, et à ce que vue de face ces dernières, le stabilo et la dérive soient parfaitement alignés entre eux. Cet assemblage est assez délicat, mais en procédant par étapes, on ne rencontrera pas de grosses difficultés.
Enfin, on pourra confectionner une petite mitrailleuse avec des chutes de balsa, et la coller sur le dessus du fuselage, devant le poste. On posera un petit pare-brise en rhodoid mince et l'on réalisera le haubannaage en fil à gant si l'on désire ajouter du réalisme au modèle. La touche finale pourra être l'insigne de Nungesser qui vola sur ce type d'appareil, et que l'on dessinera en noir sur du papier fin blanc, collé ensuite de chaque côté du fuselage aux endroits indiqués en pointillé. On pourra se payer le luxe de mettre des cocardes, si l'on en trouve en décalcomanies, de diamètre approprié.
Ce qui terminera la description de ce Modèle qui pèsera dans les 10 gr environ... si toutefois on a bien sélectionné les matériaux. Le C.G. (centre de gravité) est indiqué sur le plan, les essais seront faits en intérieur si l'on dispose d'un espace suffisamment grand, où il faudra attendre le calme d'une soirée, par vent absolument nul Et si vous aimez les cacahuètes, dites-le nous !.. Nous en avons en réserve et nous publierons d'autres plan. Mais si vous n'aimez pas ça, vous avez toujours la ressource d'agrandir le plan qui est exact, pour faire... une noix de coco, par exemple !..