MRA 451 p.20, 21 - juin 1977 - René Jossien
Le papier choisi sera le plus fin possible, papier japon, simili japon fin ou modelspan. Se méfier de certains papiers, aux jolies couleurs (sans trame, généralement) et destinés habituellement à la confection des fleurs en papier, mais dont la tension est tellement forte qu'elle déforme énormément les frêles ossatures des Cacahuètes. Si on a un doute sur un papier, effectuer une tentative sur une ossature d'essai et voir sa réaction à la tension, après vaporisation.
Etant donné la recherche du moindre poids, on a intérêt de choisir un papier de couleur qui donnera un coloris à la maquette sans nécessiter l'usage de peinture.
D'un autre côté, au point de vue poids et finition, l'expérience serait à tenter pour connaître, dans le cas d'un fuselage ayant nécessité plusieurs bandes de papier se recouvrant en partie, si on ne gagnerait pas énormément à la présentation (la peinture cachant les raccords de papier) de passer un voile de peinture cellulosique, finement pulvérisée.
Pour le recouvrement du fuselage (entoilage, comme on dit plus souvent), il faut prendre autant de bandes de papier que le fuselage ne comporte de flancs. Généralement, on utilise 3 bandes de papier pour les 2 faces latérales et celle du dessous, auxquelles il faut ajouter les deux bandes pour le dessus du capot avant et le dessus arrière du fuselage (la partie centrale supérieure du fuselage étant fréquemment occupée par la cabine ou les postes de pilotage).
Pour le recouvrement des faces arrondies, qui sont souvent le cas des dessus du fuselage, leurs formes déterminent si l'on peut recouvrir directement avec la bande de papier découpée aux dimensions désirées (plus le surplus, à enlever après séchage) ou bien, dans le cas de formes moins développables, si l'on doit vaporiser légèrement à l'eau le papier avant de l'appliquer sur les formes coffrées du fuselage, les arêtes étant encollées légèrement.
Précision : il vaut toujours mieux entoiler les parties coffrées ou réalisées en balsa galbé ; on y gagne en présentation et en solidité.
Un chasseur PZL en cacahuète
Les bandes de papier sont découpées avec 5 à 10 mm de marge supplémentaire sur chaque dimension (exemple : flanc largeur 30 mm, papier largeur 40 à 50 mm). On travaille ainsi plus à l'aise pour mieux tendre (doucement) le papier pendant la pose, sans trop se préoccuper du bon parallélisme de la feuille avec la face que l'on recouvre (figure 25).
Secrets sur les cacahuètes - fig. 25
Le collage peut être obtenu par de l'enduit cellulosique (je n'aime pas cela, car ça sèche trop vite et pèse plus lourd) ou de la gomme arabique très diluée (petit défaut, elle tache les parties encollées) ou mieux, par de la colle vinylique très diluée (1 volume de colle pour 3 ou 4 volumes d'eau : faire un essai avant de commencer).
On ne passe de la colle que sur les longerons, les montants extrêmes (couple avant et queue du fuselage) et autour des cabines vitrées (à l'enduit, si le papier adhère sur le rodhoïd ou la cellophane) et autour des ouvertures nécessaires, telles les postes de pilotage ou l'ouverture facilitant la mise en place du caoutchouc arrière, sous la broche. Coller également le papier sur les parties coffrées où seront, par la suite, collées des pièces additives comme la béquille ou la roue arrière, les assises du train d'atterrissage ou les haubans (ceci afin qu'il y ait réaction des efforts sur le fuselage lui-même et pas seulement sur le papier qui risquerait de se déchirer).
Le fil du papier est placé dans le sens de la longueur du fuselage. Voir plus loin la suite des opérations après la pose du papier.
Le fil du papier est disposé en fonction de l'habileté à bien couvrir les ailes. Les dimensions réduites des Cacahuètes rendent cette difficulté plus grande étant donnée la minceur du papier et la fragilité relative de l'ossature.
Le modéliste habile à éviter les plis de l'avant de l'extrados des profils, obtiendra un plus beau recouvrement en mettant le fil du papier parallèle aux nervures. Ainsi la tension du papier se fera principalement dans le sens de l'envergure et l'extrados de l'aile ne présentera pas (ou peu) les côtes de cheval entre nervures.
Le modéliste, moins habile dans l'art de l'entoilage, a intérêt à disposer le fil du papier dans le sens de l'envergure. Ainsi le papier se tendra davantage dans le sens parallèle aux nervures et évitera plus aisément les plis disgracieux de l'extrados du bord d'attaque.
Coller le papier à la colle vinylique diluée, en ne passant de la colle (avec le petit pinceau) que sur l'extérieur de l'ossature (BA Bord marginal-B de F et nervure d'emplanture).
Commencer par l'intrados (si on utilise un profil creux, il y a évidemment nécessité à encoller l'intrados de toutes les nervures afin que le papier garde le creux du profil). Passer deux fois de la colle (la première couche est souvent déjà pénétrée dans le balsa lorsqu'on passe la deuxième couche).
Prendre la feuille de papier (toujours avec un surplus de 5 à 10 mm autour) et poser sur l'intrados de l'aile en essayant déjà de le mieux tendre, en se faisant aider par quelqu'un. Personnellement, je pique la feuille de papier le plus tendu possible sur le chantier, puis, après encollage de l'ossature à l'intrados, je la dépose sur le papier tendu et assure une prise de la colle au bord de fuite, puis au bord d'attaque. J'enlève les épingles pour libérer la feuille, puis je tends le papier (ossature en dessous) dans le sens de l'envergure après avoir passé le doigt sur le bord d'attaque, si celui-ci était plus haut que la tangente à l'intrados. Parfaire ensuite la tension dans tous les sens, en insistant surtout sur les collages de l'intrados dans le cas de profil creux.
Préparer une feuille de papier pour chaque face, c'est-à-dire 4 feuilles pour les 2 ailes planes, ou 6 feuilles pour les ailes à dièdres en bouts, comme celles des Jodel.
Dès la pose du papier sur les parties en collées, on essaie d'obtenir une tension initiale en tendant le papier vers l'extérieur à l'aide des pouces (on parvient ainsi à faire un peu glisser le papier, mais il faut agir délicatement).
Une fois l'intrados collé et sec, découper l'excédent de papier avec une lame de rasoir bien coupante (à ras de l'ossature). A l'entoilage des extrados, on gagne en qualité de finition, en laissant un surplus de 2 mm sur le pourtour (donc ne pas couper à ras, cette fois) que l'on rabat et que l'on colle sur le papier de l'intrados déjà posé.
Laisser sécher, de préférence sur chantier, avec épingles plantées en biais, autour des ailes, leur inclinaison permettant de bien appliquer les ailes à plat contre le chantier. Vaporiser ensuite l'entoilage à l'eau, ou mieux, à l'alcool à brûler (le papier tendu primitivement à l'alcool, résiste ensuite mieux à l'humidité, même une fois enduit). Le papier doit être suffisamment humidifié, pour qu'au séchage, la totalité des plis soit disparue. L'aile est remise sur cale durant ce séchage. Si l'entoilage n'est pas parfaittement tendu, on peut vaporiser de nouveau de l'alcool aux endroits présentant quelques plis ou ondulations: il est bien rare que cette fois, la tension ne soit parfaite. Pour les ailes à profil creux, se méfier de ne pas trop humidifier l'intrados, surtout à l'eau, ce qui risquerait de décoller le papier, annulant ainsi le creux du profil. Le stabilo et la dérive sont recouverts de la même manière, mais avec plus de délicatesse, car l'ossature est plus fragile. Une fois tout le recouvrement terminé et tendu à l'alcool (ou à l'eau) passer une couche d'enduit nitrocellulosique dilué dans la proportion de 30 % d'enduit et 70 % de diluant.
Laisser sécher une douzaine d'heures au moins (sur cale pour toutes les voilures et dérive), puis repasssr une deuxième couche d'enduit dilué. Remettre sur cale durant 24 heures.
Il est recommandé de surchauffer un peu l'entoilage durant une dizaine de minutes (toujours sur cale) en l'exposant à un chaud soleil ou à la proche chaleur d'un radiateur de chauffage central. Le papier ayant ainsi donné sa tension maximale sur une ossature bridée (puisque sur cale), il en résultera moins de déformations ultérieures.
Voici deux photos du farman Moustique (document Musée de l'Air) pour ceux qui désireraient le construire. Rappelons que la MRA n° 232 en avait parlé, qu'il est paru en cacahuète dans le n°449. Il serait très réaliste en R.C. avec un 4 cylindres.
Le Saint. A suivre ...