MRA 443 p.14,15 - Octobre 1976 - René Jossien
Avant d'aborder la construction de l'aile, il est recommandé de bien préparer tous les éléments. Entre autres, le montage à sec du maximum de pièces permet de vérifier si tout a été prévu, si les ajustements sont corrects et bien alignés (position des longerons dans les nervures, particulièrement). Ce montage à blanc, qui ne réclame aucune hâte puisque rien ne risque de sécher, permet de fignoler tel assemblage ou de poncer telle baguette afin qu'elle s'ajuste parfaitement.
Une construction impeccable demande cette précaution. Les avantages se feront sentir pour la présentation et par la facilité des réglages.
Le choix des baguettes que nous avons vu précédemment (partie plus lourde vers l'emplanture) doit être adopté, sur les Cacahuètes aux longerons, bords d'attaque et bords de fuite.
Le bord d'attaque est à sectionner dans un balsa tendre 2 X 2, ou balsa moyen 1,6 X 1,6, ou balsa moyen 3 X 1,2. La section du B.A. est choisie en fonction du profil utilisé. Un B.A. carré convient le plus souvent pour les profils classiques dont l'arrondi de l'avant se trouve situé plus haut que le plan de l'intrados du profil (figure 7).
Pour certains profils creux, une baguette plate lui sera préférable (figure 8). Poncer l'arrondi avant la mise en place.
Fig. 8 - nervure de cacahuète en creux
Le longeron (ou les longerons) sera choisi carré s'il affleure l'extrados du profil. Cette construction est plus facile, le logement du longeron ne présentant pas de difficulté à la découpe des nervures.
D'autre part, le papier de recouvrement étant en contact avec cette baguette (attention de ne pas la coller en proéminence, cela ne ferait pas joli),
cette construction contribue à la solidité de l'aile. Une section en 2 X 2 balsa tendre, placée à 40 % de la corde, est correcte (figure 9). Un 1,5 X 1,5 balsa, assez dur, peut la remplacer, mais semble moins bon, car la raideur du 1,5 X 1,5 marquera plus le recouvrement entre les nervures, alors que le 2 X 2 tendre fléchira légèrement en épousant les côtes du papier.
Pour les amateurs de belle finition, il vaut mieux noyer le longeron dans l'épaisseur des nervures (haut du longeron à environ 2 mm de l'extrados), on est ainsi sûr que le recouvrement sera parfait entre nervures.
Afin d'obtenir une construction plus rigide et plus solide, il est avantageux de choisir une section de longeron rectangulaire, posée verticalement. Un 4 X 1,5 moyen donne un très bon résultat une section 4 X 1, balsa moyen est légère et donne une meilleure solidité qu'un 2 X 2 noyé (figure 10). Dans l'aile trapézoïdale, le longeron peut être réduit de 1 mm en bout.
Le bord de fuite est parfois, sur les plans, réalisé en 2 X 2 balsa. C'est simple à réaliser et cela donne un B. de F. rigide dans le plan vertical. Mais ce n'est ni, très esthétique, ni très aérodynamique. On adoptera préférablement un B. de F. triangulaire pris dans une baguette 4 X 1,5 poncée. Les constructeurs plus habiles et plus soigneux peuvent descendre à un 4 X 1,2 (poncé en pointe) pris dans la planche balsa moyen.
Les nervures sont à tailler dans de la planche balsa moyen à poncer à l'épaisseur de 7 à 6/10°, quand les nervures sont raisonnablement espacées de 25 à 30 mm. Lorsque la construction est plus soignée dans le but d'obtenir une jolie maquette, les nervures sont plus rapprochées et l'on peut alors descendre à une épaisseur de 5 à 6/10°.
Pour la taille correcte des nervures, se servir d'un gabarit du profil choisi, découpé dans du C.T.P. 5/10°. A défaut, on peut se servir d'un gabarit en carton assez rigide, mais un tel gabarit se fatigue vite et n'est pas d'un usage commode pour guider le coup de ponçoir à toutes les nervures prédécoupées.
Le gabarit doit comporter les encoches du bord d'attaque et l'encoche ou le trou de passage du longeron. Deux petits trous d'épingle, percés assez bien centrés dans la hauteur du profil au 1/4 avant et au 1/3 arrière, environ, servent à immobiliser le gabarit sur la planchette balsa dans laquelle Sont débitées les nervures (figure 11).
Ne couper qu'une nervure à la fols (deux au plus) en suivant bien le gabarit et en se servant de la lame de rasoir cassée en pointe. Quand elles sont toutes ainsi découpées, on les rassemble à l'aide des deux épingles qui ont servi précédemment, et, avec le gabarit comme guide, on ponce l'extérieur de ce petit bloc pour les rendre toutes semblables, et bien lisses sur la tranche. Les encoches sont également retouchées en contrôlant, de temps en temps, le bon ajustement de la baguette dans son logement. Pour le longeron, s'il est encastré à l'intérieur, la petite lime rectangulaire permet de parfaire son logement. Sur les modèles "Cacahuètes", il est inutile d'encocher le bord de fuite pour loger les queues de nervure. Celles-ci sont coupées, bien droites, d'après le gabarit déjà, et viennent se coller tout contre le bord de fuite.
Les bords marginaux sont construits légers aussi faut-il abolir tout bloc balsa, Ils sont découpés dans de la planche balsa 12 à 15/10e, dans le fil de la planche. Quand l'extrémité de l'aile est droite, tailler ce bord marginal dans du 3,5 ou 4 X 1,2. Dans le cas de bords marginaux légèrement arrondis, il est astucieux de les découper comme des nervures, mais plus épaisses en hauteur, que l'on colle en oblique au bout du longeron et des B.A. et B.dF. On gagne ainsi le poids d'une nervure et le recouvrement s'en trouve simplifié (figure 12).
Pour les bords marginaux presque demi-circulaires, l'usage d'une baguette de rotin diamètre 2 mm est légère, mais présente le danger de vriller, aussi faut-il prévoir deux petites baguettes 1 X 1 (parfois rayonnantes) destinées à réduire la portée entre deux collages de ce rotin. La confection d'un lamellé en 3 épaisseurs de 8/10°, hauteur 1,5, est préférable, car plus rigide, et récompense de ce travail supplémentaire.
Quelques goussets de renfort, pris en balsa 10/10°, sont nécessaires à la construction de l'aile lorsqu'on a un dièdre en bout (genre Jodel), ou lorsque l'aile n'est pas entièrement collée au fuselage et peut présenter une déformation de la queue de nervure d'emplanture.
Pour les avions dont le train d'atterrissage est relié aux ailes, consolider ces attaches par de bons goussets 15 à 20/10° afin que les efforts encaissés par le train se répartissent sur plusieurs éléments (deux nervures et un longeron, par exemple).
Pour l'ensemble de la construction de l'aile, le collage est réalisé à la colle cellulosique, ou mieux à la vinylique, L'excellent modéliste Weber, qui connaît bien les Cacahuètes, et dont l'ingéniosité dans ce domaine semble illimitée, procéde d'une façon assez particulière en passant de l'enduit sur tous les points futurs de collage (avant montage), fait ensuite la construction sans y mettre de colle et ensuite, avec un petit pinceau, dépose un peu d'enduit épais aux points d'assemblage, Il obtient ainsi un collage rigide et très léger.