MRA 441 p.18,99 - Août 1976 - René Jossien
La construction d'un Cacahuète nécessite l'usage d'un outillage très rudimentaire. Le débutant a donc peu de frais à engager, s'il est totalement démuni des éléments indispensables.
Le constructeur, et aussi dessinateur de son plan, peut utiliser le côté d'une petite planche à dessin de 400 mm X 300 mm pour le tracé (face qui restera impeccable), l'autre côté étant réservé à la construction, cette face pouvant recevoir les trous d'épingles. En vacances, en déplacement, ou si le modéliste ne dessine pas ses plans, il suffit d'une simple planchette (balsa 100/10 éventuellement) de 100 mm X 350 mm.
Le Zéro en cachuète, construit par Paul Strina (MACNSE)
Pour construire, voici les outils et instruments absolument indispensables. Un réglet métallique de 25 à 30 cm pour vérifier les cotes et découper les baguettes et planches utilisées. Une boîte d'épingles, de préférence fines, afin de ne pas nécessiter un petit marteau et ne laisser que de petites empreintes sur la planche. Pour trancher le balsa, un couteau très affiné ou, mieux, une lame de rasoir, divisée à moitié, et dont la pointe, cassée en biseau, facilitera la coupe du balsa tout en ne déformant pas les baguettes obtenues (figure 2). L'arrière de cette demi-lame est entourée de deux tours de ruban adhésif afin d'éviter de se blesser. Deux petits pinceaux à poils souples sont utiles : l'un de petit diamètre de poils (0 2,5 environ) servira au collage du papier et à la décoration, l'autre, plus gros (0 6 à 8), sera utile à l'enduisage. Un tampon de coton hydrophile pourra être utilisé, en place du deuxième pinceau. Autre outillage absolument utile, le ponçoir, qui n'est autre qu'un bloc de bois dont la grande face est bien plane, et sur laquelle est collée une feuille de papier de verre 00 (Référence chez 3M très fin). Pour certain dégrossissage, on peut entourer provisoirement ce ponçoir d'une autre feuille de papier de verre au grain plus gros. Une paire de ciseaux, coupant bien de préférence, pour découper entre autres, les gabarits de carton et le papier d'entoilage, complète cette liste.
Ceci est l'outillage indispensable, pour commencer. Pour plus de commodité, on peut se procurer aussi une petite pince plate, une pince à bouts ronds (diam. 1 en bouts, diam. 5 à la base). Deux petites limes d'horlogerie : une queue de rat (0 3 environ) et une lime plate de section rectangulaire (1 X 6 mm), seront bien utiles pour ajuster les logements de longerons dans les nervures. Quelques petits forets se révèlent souvent nécessaires, disons trois de diam. 1, 2 et 3. Ajoutons, de fabrication maison (figure 3), quelques mèches de perçage de 0 0,5, 0,6 et 0,8. Réalisation facile : une longueur de 25 à 30 mm de CAP., limée à une extrémité en pointe aplatie (genre langue d'aspic) et dont l'autre bout est enroulé de plusieurs tours de papier, collé à la colle cellulosique, destiné à être serré dans le mandrin de la chignole (avec ce genre de mèche, le perçage dans le plastique demande de débourrer souvent afin d'éviter le collage de la matière sur la CAP).
Enfin, il faut récupérer le plus possible de petites boîtes (plastiques, genre boîte de cinq parts de Boursin, par exemple). Elles seront très utiles pour ranger le petit outillage, les chutes de baguettes poncées, les tubes papier préparés d'avance, les petites pièces en cours de réalisation, les gabarits de profils, etc...
Ne pas négliger de faire soi-même, une pince (fig. 4), composée de deux morceaux de baguette 5 X 2, réunis par une charnière de tissu, pince très utile pour manipuler les petits morceaux de baguette sans les abîmer, et accéder à des endroits difficiles plus aisément.
Avant de commencer la construction, vérifier bien l'envergure du modèle choisi. J'ai trouvé un plan (est-ce erreur du dessinateur, est-ce allongement du papier au tirage) qui avait une envergure supérieure aux 33 cm autorisés (en tenant compte du dièdre, bien sûr, qui diminue un peu l'envergure réelle, par rapport au plan). Il serait dommage d'être éliminé d'un concours pour une raison aussi sotte. Appliquer ensuite le plan, ou partie de plan, sur le chantier ou la planche à dessin, en le maintenant bien tendu par quelques bouts de scotch sur le pourtour (éviter les "grosses" punaises qui risquent de jouer un mauvais tour en accrochant l'une de ces frêles baguettes, qui font la particularité des Cacahuètes. Si l'on veut garder le plan intact, et éviter le collage entre balsa de l'ossature et papier du dessin, on peut tendre au-dessus du plan de construction, une feuille de Scel-O-Frais, fine pellicule transparente (à l'usage de la ménagère, en cuisine) qui a l'avantage de se distendre, facilitant ainsi le parfait étalement sur le plan.
La parfaite réalisation d'un Cacahuète, demande un matériau sans défaut, aussi il est rentable de poncer baguettes et planchettes avant de commencer la construction.
Pour obtenir des baguettes aussi parfaites que possible, et régulières en épaisseur, il faut les poncer toutes ensemble. Couper 8 longueurs de 30 cm de balsa 2 X 2, les placer côte à côte sur le chantier, bien plan. Marquer, sur la face supérieure et en bout, d'un coup de feutre (couleur pénétrant et restant visible, même après ponçage) chaque baguette. Ces repères permettent de s'y retrouver si on fait rouler quelques baguettes. Puis, en se reposant doucement et régulièrement sur la surface formée par les huit baguettes, donner quelques coups de ponçoir (papier 00) pour effacer les traces de sciage. Tourner ensuite d'un quart de tour chaque baguette, et poncer à nouveau. Répéter ainsi l'opération sur les 4 faces.
Afin d'obtenir une plus commode assise pour le ponçage, on peut bâtir un petit montage composé d'une planche de bois dur 30/10, sur laquelle sont collées 2 baguettes bois dur 10 X 2, espacées de 16 mm (figure 5). Une fois sec, on se sert de ce bâti pour ranger les baguettes à poncer entre les rails en bois dur sur lesquels le ponçoir se guidera afin d'éviter toute maladresse. Après ponçage des 4 côtés, La dimension de la section se trouve diminuée à 1,8 (au lieu de 2), mais ce montage évite de comprimer Le bois des frêles baguettes 2 X 2.
Le choix des baguettes et planchettes, les plus légères, est fait par la pesée. On retiendra les parties les plus lourdes pour les éléments qui fatiguent.
Le choix plus minutieux d'une baguette est obtenu en posant, en équilibre sur une arête, la baguette-longeron. Le côté le plus court, donc le plus lourd, donc le plus solide, est monté vers l'avant s'il est destiné à un fuselage ; il est collé du côté de l'emplanture, s'il est destiné à une aile, plaçant ainsi la partie la plus légère vers les bords marginaux.
Dans la construction des flancs de fuselage, il est conseillé de débiter les longerons avec une surlongueur, en avant et en arrière, dans laquelle est piquée une fine épingle, plantée également dans le chantier (figure 6). Ces extrémités seront supprimées, par la suite, après " démoulage ".
Dans la partie utilisable du flanc, les longerons sont positionnés en piquant les épingles de part et d'autre de leur épaisseur, pour ne pas les affaiblir.
Lorsqu'un longeron doit épouser une courbe assez prononcée, il est prudent de le tremper un moment dans de l'eau, puis, une fois essuyé, de le mettre en place. Pour les courbes accentuées, éviter le contact direct avec les épingles en intercalant de petits morceaux de balsa qui ne meurtriront pas la baguette. Le support de la broche arrière du moteur caoutchouc, partie qui fatigue lors du remontage de l'écheveau, est découpé dans une baguette balsa moyen 6 X 2, ou découpé dans du 20/10e moyen, à poncer à l'épaisseur des autres longerons. Une ou deux couches d'enduit, autour du trou de la broche, assure la tenue du balsa.
Les montants et les entretoises sont coupés dans la longue partie, moins dure, de la baguette, la plus légère de celle-ci étant réservée pour les pièces arrière.
Les collages sont effectués à la colle cellulosique ou mieux à la colle vinylique qui permet de mieux doser la faible quantité à poser sur les 2 parties à mettre en contact (tailler en pointe une allumette et s'en servir comme d'un pinceau).
Pour obtenir deux flancs identiques, on les construit, l'un sur l'autre, en intercalant une feuille de Scel-O-Frais, ou de petits carrés de cellophane, aux points de collage.
Quand la construction est sèche, enlever les épingles avec précaution pour ne pas abimer l'ossature, puis donner un très léger coup de ponçoir pour obtenir une planéïté de la face du dessus (qui est le flanc gauche du futur fuselage). Attention ! Opération délicate !...
Démonter du chantier, et avant de séparer les 2 flancs, poncer légèrement le flanc droit, qui est presque parfait puisque toutes les pièces étaient en appui sur le chantier. Couper les surlongueurs de longerons, aux deux bouts du fuselage.
Profiter, si les 2 flancs restent encore liés (ce qui arrive fréquemment) de les poncer ensemble à ras du premier montant, ce qui facilitera la pose du couple avant (couple porte-nez) qui sera en balsa 20/10 à 30/10, ou en CTP 5/10.
Etant donné la nécessité de mettre au moins 3° de piqueur à l'angle de traction de l'hélice, il est astucieux de dessiner ce premier montant avec une inclinaison (piqueur) de 3°. Voir figure 6 pour les surlongueurs, les épingles et la pente de l'avant.
Si le maître couple du fuselage n'est pas rectangulaire, on ne peut donc pas suivre la classique construction des 2 flancs, disposés perpendiculaires au plan du chantier, à l'aide de quelques équerres. Il est donc bien commode de bâtir un couple en balsa 2 X 1 (pris dans de la planche 10/10), couple qui viendra se placer à l'intérieur du maître couple du fuselage, guidant ainsi les 2 flancs pour la pose des entretoises. Le couple avant est ensuite collé, à la cellulosique, pour hâter le séchage (attention de ne pas casser les longerons en rapprochant les deux flancs, c'est fragile un Cacahuète.
Une fois sec, faire la liaison des parties arrière. Le fuselage ainsi bâti grossiérement, on a juste alors les entretoises, une à une, en vérifiant la bonne symétrie de temps en temps. Pour assurer un collage à niveau des entretoises, poser celles-ci à leur place, mais en les faisant dépasser légèrement du longeron, puis avec le plat d'une baguette lisse, faire glisser celle-ci en appuyant jusqu'au plan des longerons.
Dès le dessin du modèle, il est prudent de prévoir, à l'emplacement de la broche d'attache du caoutchouc, une largeur intérieure du fuselage d'au moins 10 mm. Cette précaution évite le blocage de noeuds à l'arrière, décentrant un modèle en fin de vol.
Les formes arrondies des dessins de fuselage sont réalisées en planche balsa 5/10 pour l'avant, 4/10 pour l'arrière (poncée à 3/10 pour le plus arrière), formes collées sur quelques faux couples en 12 ou 10/10 balsa.
Aux points où seront collées les attaches du train d'atterrissage, garnir les angles de petits renforts en 20 ou 15/10, affleurant la face extérieure du fuselage. Les jambes du train gardent un petit coude de CAP de 2 à 3 mm de longueur qui se piquent dans ces goussets, consolidant ainsi le collage définitif du train.
La même solution est retenue dans les cas de mâts pour aile surélevée (aile parasol).